A force d’écouter les médias analyser depuis des mois la pire crise économique et humaine au monde en 2021, je suis parti au Liban cet été avec une appréhension de voir un pays détruit, complètement en ruines et où il ne fait plus bon vivre.
A vrai dire, je viens de passer les 2 semaines les plus reposantes que je n’ai jamais eu depuis des années. Une vraie déconnexion.
J’ai réussi à me déconnecter du travail et de la situation actuelle du Liban. Un doublé !
J’ai délibérément décidé de regarder mon pays d’origine d’un autre angle, avec mes propres yeux et non avec ceux des médias. Je voulais voir ce que les libanais eux-mêmes ne voyaient plus, tant ils sont occupés à survivre.
J’étais tellement déconnecté de mon rythme quotidien que même ma propre famille me reprochait la zénitude dans laquelle je me retrouvais vu la situation actuelle. Il faut dire aussi que je voulais profiter et apprécier ce moment de retrouvailles familiales, toute la fratrie réunie au même endroit plus de 10 ans après.
Est-ce qu’on peut être zen dans le chaos ?
La réponse est oui. C’est un choix personnel et possible. Je dirais même que c’est essentiel et vital dans des situations de ce genre.
Pendant deux semaines, j’ai eu l’occasion de marier mon frère, de visiter plusieurs régions du pays, de parler business, de faire du parapente et du Quad, de me balader dans la nature à la découverte de réserves naturelles, d’aller à la plage, de me baigner dans des rivières, de manger aux restaurants presque tous les jours et … de me reposer.
J’ai fait tout ça avec la pénurie d’essence, les coupures électriques, la chaleur humide sans air conditionné, les prix élevés des produits et des services, …
La vie continue au Liban, heureusement d’ailleurs.
Le Liban est le pays des extrêmes et des contradictions.
C’est le pays où le bikini côtoie le hijab dans la même rivière sans avoir des préjugés et de beaux discours sur la laïcité et le respect de la femme.
C’est le pays où les racines des villes sont bien ancrées dans les vestiges du passé comme pour garder à l’esprit l’origine identitaire. Avez-vous déjà visité les villes côtières ? Elles sont toutes riches en histoire millénaire. Ma préférée est Byblos.
C’est le pays de la chaleur humide et étouffante combinée à la chaleur humaine généreuse et accueillante.
Oui, les libanais sont généreux. Ils sont capables de partager le peu qu’ils possèdent, même avec des inconnus. Il y a ce monsieur qui m’a invité à cueillir des figues dans son figuier ou ce glacier qui nous a offert un cornet de glace pour s’excuser de son erreur dans notre commande.
Avez-vous déjà mangé dans un restaurant libanais ? Le dessert n’est pas inclus dans le prix mais il est aussi généreux que le repas lui-même. Il n’y a pas qu’aux États-Unis où les portions sont « énormes ».
Les libanais sont des résilients créatifs qui s’adaptent à toutes les situations.
Le gouvernement ne fournit pas l’électricité ? ils ont installé des générateurs. Les générateurs ne fournissent plus par manque de mazout ? ils ont des batteries. Les batteries ne sont pas assez puissantes ? ils ont l’énergie solaire. L’énergie solaire n’est pas suffisante ? Il y a des bougies.
Il en faut beaucoup pour atteindre le moral des libanais. Même abattus avec cette crise, ils trouvent le moyen de garder la tête haute avec fierté et le sourire. Le libanais est fier, un peu trop fier.
Les libanais sont des bons vivants. Ils sont pleins d’humour et d’auto-dérision. C’est leur façon de rendre une situation catastrophique moins douloureuse et vivable. D’ailleurs, Shéhérazade aurait 1 million et 1 nuit d’histoires à raconter si elle vivait au Liban.
Et la liste est encore longue, je ne peux pas tout vous résumer en quelques lignes dans 1 article de deux pages. Je ne veux pas également vous montrer l’imperfection du libanais, c’est délibéré.
Je veux montrer dans la situation actuelle que tout le monde juge comme la fin d’un pays sans espoir, qu’il y a une force incroyable dans ce peuple. Il y a des richesses inestimables dans ce pays.
Les libanais ont besoin d’enlever ce bandeau aveuglant que leur ont mis depuis des années les pays qui veulent « leur bien ». Ils ont besoin de voir leurs propres forces, ce qui les unit pour mieux s’approprier eux-mêmes leurs pays. Ils ont tout ce qu’il faut sous leurs yeux et surtout en eux. Je parle de tous les libanais, vivant partout dans le monde y compris au Liban.
Il faut arrêter de réclamer l’aide des autres comme si on était incapable de prendre notre destin en main. Elle ressemblera à celle des alliés pour l’Afghanistan. 20 ans d’investissement et de changement pour revenir en 10 jours chrono à la case départ.
Pourquoi ?
L’intention. Parce que le changement doit venir du peuple, pour le peuple. Il doit être désiré par le peuple lui-même, pour son propre intérêt et non imposé ou négocié. Les intérêts du peuple libanais ne seront jamais ceux des pays à qui il réclame l’aide.
Personne d’autres ne réalisera le rêve libanais à la place du libanais lui-même. C’est une réelle illusion.
H.A.K
Le Liban est un pays très riche, en argent, en ressources, en chaleur humaine, en générosité, en hospitalité, en partage, en culture, en histoire, …
La crise économique actuelle est l’agonie d’un système mondial vieillissant qu’il faut remplacer, adapter, faire évoluer et pas uniquement au Liban.
J’y suis allé sceptique cet été mais je suis reparti avec de l’énergie et plein d’espoir que ce peuple aura le pays qu’il mérite vraiment. UN peuple, UN pays, UN Liban pour TOUS les libanais unis, sans exception.
Habib ABI KHALIL – Conseiller – Coach – Entrepreneur. Je travaille avec l’humain, pour développer les entreprises de demain.
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