Des bribes de souvenirs reviennent de mon enfance en ce weekend de pâques.

La fête a commencé il y a une semaine avec le dimanche des rameaux. Je me revois porter une longue bougie bleue et défiler dans la rue autour de l’église en chantant avec tout le monde.

Je revis des moments en famille qui s’alternent entre préparation et célébration.

Chaque moment semble unique : Des rires, des œufs colorés, des poussins, de la cuisine, une messe et le fameux « Al Massih Kam, Hakan, Kam » (que je traduis par : Jésus est ressuscité, oui, bien ressuscité)

C’est la phrase qui remplace le « Bonjour » ou le « Bon matin » pendant cette journée spéciale.

Je viens d’un pays où la religion est très présente. Je suis né chrétien maronite. Pâques pour ma famille est l’occasion annuelle de célébrer la résurrection de Jésus et son retour du monde des morts.

Pour moi enfant, Pâques était aussi lié au panier plein d’œufs multicolores. Il y avait même des marchands qui vendaient des poussins vivants multicolores !

Chaque membre de la famille devait colorier des œufs ou dessiner dessus puis les mettre dans un panier pour les manger au repas du jour.

Une tradition, un jeu, des œufs

A table, nous avions une tradition pour découvrir qui sera l’élu propriétaire de l’œuf le plus dur de tous.

Pour cela, on faisait un jeu : se mettre à deux, une personne tient bien son œuf dans la main tandis que l’autre essaye de le casser en tapant dessus avec son œuf. Quand un œuf est cassé des deux côtés, il sort de la compétition. La casse continue comme ça jusqu’à ce qu’il ne reste qu’1 seul œuf désignant ainsi le gagnant du jour !

Je me rappelle une année où je voulais faire une blague en coloriant un œuf cru et le mettant dans le panier pour voir qui va le piocher. Mon oncle l’a eu mais quelqu’un lui avait dit qu’il était cru (je cherche encore le traître du jour). Au lieu que l’œuf explose dans sa main, il l’a explosé sur ma tête.

Je me lève furieux de table et ramène le panier d’œufs crus du frigo. Je commence à lancer à tout va. Aucun œuf n’a atteint mon oncle. En revanche, les murs, le sol, la terrasse ont changé de couleur. Constat : je suis un mauvais lanceur, j’ai réussi à rendre furieuse ma mère et j’ai fini par être désigné d’office pour la corvée du ménage.

En vous racontant cette histoire, c’est un sourire qui se dessine sur mon visage. Je ne ressens pas la frustration du moment mais plutôt de la joie.

Ces moments me manquent.

Depuis que j’ai quitté le Liban, j’ai perdu de vue certaines traditions : Nouveaux mondes, nouvelles cultures, nouvelles traditions. Les lapins au chocolat sont arrivés, la chasse aux œufs dans le jardin, la religion n’est plus présente comme avant mais les moments en famille sont toujours de la partie.

On dirait que je sais maintenant ce qui compte le plus pour moi dans tout ça.

Il m’arrive parfois de culpabiliser de ne pas transmettre à mes enfants certaines traditions. Comme si je trahissais une partie de mon identité, de nier mes racines. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Je ne saurai pas vous le dire. Ce que je sais cependant, c’est que j’ai évolué vers une identité hybride très riche.

Une partie de moi a changé, certes, mais ce weekend, on coloriera et on cassera des œufs en famille !

Habib ABI KHALIL – Conseiller – Coach – Entrepreneur. Je travaille avec l’humain, pour développer les entreprises de demain.

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2 commentaires

Rosetta · 4 avril 2021 à 0h26

Que c’est beau de te lire. Les souvenirs sont ce qui font de nous ce que nous sommes devenus aujourd’hui. Les souvenirs d’enfance ne meurrent jamais. Je suis si fière de toi et de ce que tu es. Je t’aime. Maman.

    habib · 7 avril 2021 à 15h46

    On évolue tous dans la vie. Certaines choses sont encore vivantes grâce aux souvenirs.

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